Vers une transformation profonde de la pharmacie d'officine ?

16/10/2024

Temps de lecture : 6 min

Faisons un petit état des lieux de la profession et envisageons l’avenir de l’officine dans un contexte économique tendu, marqué par l’inflation. Quels sont les défis majeurs auxquels sera confronté le pharmacien souhaitant s’installer ?

Le contexte économique de la pharmacie en 2024

L’un des constats majeurs est la fragilité croissante des officines, affectées par la hausse généralisée des coûts et l’effondrement des activités liées à la COVID-19.
Le chiffre d’affaires global des pharmacies a vu une augmentation moyenne de 1,68 % entre 2022 et 2023, mais cette croissance cache une réalité plus nuancée.

En effet, le poids des médicaments chers à faible marge (>150€) dans la part des médicaments remboursables représente 38 % contre 16 % en 2016. Une tendance qui modifie en profondeur la structure du chiffre d’affaires des officines

2023 2022 2021 2020 2019 2018 2017 2016

Évolution annuelle

+16,2 %

+18,2 %

+16,2 %

+13,1 %

+14,1 %

+30,0 %

+15,7 %

+14,8 %

Montant (M€)

651,23

560,59

474,1

408,9

360,7

316,2

243,3

210,2

% dans le CA
HT à 2,1 %

38,31 %

35,44 %

32,16 %

29,4 %

26,8 %

24,3 %

18,9 %

16,3 %

L’installation des pharmaciens : Une équation complexe en 2024 mais loin d’être impossible !

La fin du chiffre d’affaires lié aux activités COVID ainsi que la hausse des charges ont durement impacté la rentabilité des pharmacies, avec un excédent brut d’exploitation (EBE) en baisse de 25 % mais qui se situe tout de même à 10.50 % du C.A. H.T.

En 2023, le prix moyen de cession des officines s’élève à 83 % du chiffre d’affaires hors taxes, avec un apport personnel moyen de 18 %. Ces chiffres montrent une légère baisse par rapport à l’année précédente, mais le défi pour les jeunes pharmaciens souhaitant s’installer, est de prendre en compte l’inflation dans l’évaluation du fonds de commerce.

Le prix de cession en multiple de l’EBE retraité (déduction faite de la rémunération brute du titulaire de 66 K€) est estimé à 7,28 en 2023, en repli par rapport à l’année précédente.

Un nouvel indicateur rayonne au sein de C.G.P. : une analyse des prix de cession en multiple de marge brute globale (M.B.G.). Il est estimé à 2.56.

Il persiste toujours des écarts de prix entre les petites officines et les plus grosses.

Nous observons, à la fin du premier semestre 2024, des prix de vente toujours au-dessus de leur valeur économique qui s’explique par la rareté à la vente des officines de taille moyenne et supérieure ainsi que par des acquéreurs qui disposent d’apport important prêts à payer un surcoût (par exemple à la suite de la vente de leur officine, …).

L’inflation : un enjeu central pour la profession

Le thème de l’inflation domine les préoccupations du pharmacien, avec des hausses cumulées des frais généraux de 13,23 % sur deux ans.

Ce phénomène d’inflation affecte l’ensemble des lignes de dépenses des officines, en particulier les charges de personnel, qui augmentent de 8,92 % en 2023. Le renforcement des compétences nécessaires aux nouvelles missions, couplé à la pénurie de personnel (préparateur et pharmacien assistant) a accentué les difficultés de recrutement et la hausse du niveau des salaires.
De plus, l’augmentation des taux d’intérêt bancaire, pèse lourdement sur les emprunts nécessaires au financement des acquisitions d’officines, réduisant la marge de manœuvre financière des pharmaciens.

Voici un petit exemple : même mensualité mais un capital emprunté diminué de 158 K€ !

Montant emprunté Taux Durée Mensualités Annuités

1 000 000€

1%

12 ans

7 372€

88 464€

842 000€

4%

12 ans

7 372€

88 464€

Ainsi cette inflation ne peut « faire bon ménage » avec des prix d’acquisition au-dessus de leur valeur économique.

Nous pensons qu’une survaleur d’acquisition du fonds de commerce en rapport à sa valeur économique (calculée sur la base de l’E.B.E. prévisionnel de l’acquéreur) doit être financée par apport et non par emprunt bancaire au risque de subir, à terme, des troubles de trésorerie.
De plus, un « booster d’apport » n’est pas un apport car il devra être remboursé. Il compense une faiblesse d’apport et non un complément de prix pour le vendeur !

Conclusion : Vers une refonte de la profession pharmaceutique

Dans un monde en pleine mutation (nouvelles missions qui tendent vers plus de services : vaccins, …), accentué par plusieurs réformes fiscales et sociales à venir (exemple : la rémunération des dirigeants de sociétés d'exercice libéral (SEL) qui devra désormais dissocier leurs fonctions de gestion de celles liées à leur activité libérale), le pharmacien doit sans cesse s’adapter, se remettre en question, évoluer… en résumé, il ne doit pas subir …

Les pharmaciens, et plus généralement les jeunes, ont besoin de visibilité pour s’engager sur la voie de l’installation. La profession de pharmacien libéral, afin de pérenniser son modèle, doit favoriser l’entrée des jeunes et faciliter la sortie des séniors.

La pharmacie reste encore et toujours un outil rentable à la condition de maîtriser son prix d’acquisition tout en trouvant le mode de financement le plus adapté … et en s’accompagnant de conseils spécialisés (Avocats, Experts-Comptables, …).

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